Les cachons
Les cachons
Quand est venu le temps des fruits, on a fait collection de cachons. (noyau).
Ceux de l'abricot sont les plus utiles. On en fait des sifflets en frottant, sur une pièrre mouillée de salive, les deux face du cachon jusqu'à ce qu'elles soient uses et percées. On enlève l'amande, et en soufflant dans les trous de delà, on peut jouer l'ouverture de Tannhauser.
Ceux qui ne sont pas musiciens gardent les cachons pour jouer au cornet. On se met à cacaboson devant le cornet de descente des eaux pluviales d'une maison. Du pouce et de l'index, on lance un cachon dans l'embouchure. Le cachon redescend sur la cadette (trottoir). Alors, le gone qui vient après lance à son tour son cachon. Si en retombant, il poque le votre, le gone enlève les deux, sinon il laisse l'aubaine à celui qui viendra après.
Au jeu ordinaire, on ne gagne que le cachon poqué par le votre, mais à cha-tant-qui-en-tombe, on fait briscaille, c'est àdire que l'on ramasse tout.
La décadence du jeu de cachon tient à deux causes :
aux arrêtés du maire qui oblige les propriétaires à faire aller les conduits dans les caniveaux, ce qui a suprimé les cornets ;
aux chemins de fer qui favorisent l'exportation des fruits, ce qui fait qu'un abricot est, au jour d'aujourd'hui, aussi rare à Lyon qu'un louis d'or.
De plus, comme tout est falsifié à présent, il se vend dit-on, beaucoup d'abricots sans cachons.
Ce texte date de 1923, étonnant non !