Saison 2023-2024
C’est toujours un bon cuchon de fenottes et de gones qui vient s’instructionner.
Cette année, nous avons décerné 6 diplômes
Saison 2022-2023
Cette saison, un bon cuhon de fenottes et de gones sont venus rejoindre les cours de Parler lyonnais. Comme chaque année, notre président après avoir souhaité la bienvenue a donné la parole à notre linguiste émérite Jean-Baptiste MARTIN. Avec la verve que nous lui connaissons il en a profité pour resituer notre parler lyonnais dans le paysage lingustique français.
Puis sont abordés, suivant le thème retenu, les mots régionaux : le corps humain, la médecine, la famille, les gestes et les mots tendres, ne rien faire et les défauts. Ainsi, à chaque cours c'est un réel plaisir de découvrir ou de redécuvrir tous ces mots, aujourd'hui quelque peu oubliés mais qui méritent d'être retrouvés et même réemployés.
Au mois de février une liste de dix mots est remise à chaque participant, mots à placer dans un texte : embuni, cuhon, graton, bugne, japiller coqueluchon, écafoiré, potringue démenet et tabagnon. Pour souligner la 25e année de la création des cours de parler lyonnais un livre est offert à tous les élèves : La Cachemaille et autres récits lyonnais.
Quelques exemples de textes :
"Le Tonin, y se trouve tout potringue, pourtant un garçon si démenet, toujours prêt à monter sur le tabagnon pour japiller sur chacun d'entre nous ; mais ce matin, y ne décesse de se plaindre de l'embuni ou du coqueluchon, y manque plus que de s'écafoirer comme une bugne du friteur, faut dire que la veille avec la Séraphine, y z'avaient mangé un plein cuchon de gratons, peut-êre qu'y z'ont mal passé." André Déage
"Aujourd'hui, c'est mardi gras, les Durand auront du monde à manger pour le 4 heures. La Jeanne a invité les enquelins et son frère Louis que vit seul dans son tabagnon rue des Granges.
Mais avant, elle doit préparer le goûter. Elle demande à son gone, Fernand, de l'aider à faire la cuisine. Il n'est pas bien démenet mais c'est pas un bras neuf. Après avoir écafoiré deux cacoux par terre, il prépare la pâte et fait tout un cuchon de bugnes. La Jeanne met les tables en déhors, sur l'herbe ; les petits gones pourront se faire peter l'embuni avec les bugnes et jouer dans le jardin pendant que les mamans japilleront à l'ombre. Les papas, quant à eux, referont le monde en buvant des canons de Beaujolais et en mangeant des gratons.
Faudra quand même surveiller le Louis que finisse pas franc coufle et que soit potringue à dégailler ; le Beaujolais ça lui tape sur le coqueluchon.
Un tantôt à venir, bien canant." Jacques Torrès
Saison 2019-2020
Pour ce premier cours du 5 octobre 2019, 200 sociétaires investirent l’amphithéâtre Alain Mérieux de l’Université catholique de Lyon située place des archives. Parmi eux on dénombra 36 nouveaux étudiants. L’amphithéâtre fait ainsi salle comble. D’entrée de jeu, comme l’an passé, cela signifie que les cours se dérouleront à guichet fermé, preuve de la vitalité et de l’attrait pour notre langue régionale.
Comme de bien s’accorde, notre président souhaita la bienvenue aux nouveaux arrivants et leur présenta, la société des Amis de Lyon et de Guignol, ses fondements, et son évolution notamment dans la sauvegarde et le partage de notre patrimoine linguistique. Ce fut ensuite au tour de Jean-Baptiste Martin, spécialiste des parlers régionaux, professeur honoraire des Universités et conseiller scientifique de l’Institut Pierre Gardette, de développer à l’aide de cartes, l’historique du parler lyonnais, issu du francoprovençal. Le duo d’enseignants formé par Gérard Truchet et Jean-Baptiste Martin est maintenant parfaitement rodé dans une amicale complicité. Gérard présente les mots, il les image et les anime avec sa verve habituelle. Pour leur étymologie, Ils sont ensuite décortiqués, analysés et complété sur leur origine, grecque, germanique, latine ou gauloise par Jean-Baptiste. Cette technique d’apprentissage est particulièrement vivante et dynamique car en plus elle est ponctuée de petites touches d’humour de l’un ou l’autre. Leur complémentarité est une véritable plus-value qui maintien notre attention.
Le premier thème étudié était "l’action" qui nous fait connaître des mots comme : dépatrouiller, se débrouiller (de patrouille la boue) - éclairer dans le sens d’allumer car dans les autrefois, le lyonnais éclairait son poêle à charbon - graboter, gratouiller en faisant de petits bruits comme les petits enfants quand ils marchent à quatre pattes - tiripiller, action qui consiste à tirer quelqu’un par son vêtement.
Pour le cours suivant du 23 novembre 2019, le thème fut : "les états d’âme" c’est-à-dire ce qui se fait dans l’instantané où sont évoqués des mots rigolos et charmant comme : être benaise, gonfle, ou coufle, trois expressions en lien avec la chicaison et la lichaison (le manger et le boire) benaise c’est quand après un repas délicieux nous nous sentons satisfait, content et donc bien à l’aise. Par contre si nous sommes gonfle ou coufle, c’est que nous avons mangé ou bu sans modération, à la fois tout gonflé et nauséeux. Un classique encore utilisé de nos jours : faire la bobe, c’est quand un enfant n’est pas content et qu’il fait la moue en collant sa lèvre inférieure sur la supérieure, une grimace qui lui vaut quelques moqueries. Le tourmente-chrétien, c’est celui qui fiche tout en l’air, un perturbateur qui porte sur les nerfs son entourage. Ȧ noter que le vocable "chrétien" à ici le sens dérivé qui signifie, l’être humain en général, sans connotation religieuse. Et bien sûr d’autres mots ou expressions croquignolesques.
Nous passons ensuite à la rubrique la maison avec les mots qui en décrivent les composants comme : la cabiote qui est une petite chambre, les abat-jour, une spécialité typiquement lyonnaise qui avait fait l’objet d’une conférence en 2014 pour désigner cet élément du paysage architectural de notre belle ville. Il s’agit des persiennes, ou jalousies, des stores en lamelles de bois. Nous terminons cette première évocation avec les écommuns, qui désignent les w-c, les cabinets. Ce fut l’occasion pour notre président d’évoquer de façon très imagée les autrefois, lorsqu’ils étaient sur le palier et partagé par plusieurs familles. Un grand moment qui déclencha l’hilarité de tous.
C’est vers la fin de ce deuxième cours que Gérard Truchet nous présenta monsieur Bruno Dante et son épouse, un couple de Turinois. Ils étaient venus nous rendre visite après avoir souhaité et demandé la permission d’utiliser le masque et les vêtements de Guignol pour le prochain carnaval qui devrait se dérouler en Italie en 2021. Il va sans dire que tout l’amphithéâtre leur témoigna un chaleureux accueil accompagné de nombreux applaudissements.
Pour le troisième cours en janvier, nous poursuivons avec "la maison" ; d’une part avec ce qui concernait "le chauffage", le phare ou FAR dont le sigle signifiait : Fonderie Atelier du Rhône, c’était le poêle à charbon, les cornets ou tuyaux, les grésillons ou résidus de la combustion dans le cendrier du bas et bien sûr le charbonnier, meuble où nous mettions l’anthracite ou les boulets. Puis ce fut au tour des "accessoire de cuisine", la casse, la poêle, la coquelle en fonte, la dubelloire ou cafetière, et la filoche pour aller faire les commissions.
Le quatrième cours en février, concerna "le nettoyage" avec la pattemouille pour la serpillère, l’araignoir plus métaphorique que le mot français tête de loup, le faganat désigne l’odeur de renfermé et les équevilles toujours en vigueur de nos jours pour les balayures. Pour "le lavage", nous avons la buye pour la lessive et le batillon, battoir en bois pour battre le linge. "La garde-robe" nous rappelle qu’il fallait se mettre en dimanche et se mettre en sale (vêtements propres moins délicats pour les activités de la semaine) car le dimanche nous mettions de jolies tenues juste pour se bambaner.et parmi l’habillement, les grollons étaient de vieux souliers éculés et la drouille un vieux vêtement.
Gérard nous rappelle aussi que les jeunes filles devaient se constituer un trousseau avec draps, serviettes, le mantil qui était la nappe brodée et les vêtements de jour et de nuit.
En quittant l’université, nous ignorions alors que nous avions assisté au dernier cours de l’année, puisque dès le début mars, le covid-19 va bouleverser la vie de tout un chacun avec l’obligation de confinement pour enrayer la progression du virus qui affecte une grande partie de la planète. Souhaitons qu’un retour à la normale permette la reprise des cours à la rentrée prochaine.
Fabulgone le 4 avril 2020
Saison 2018 - 2019
Cette saison 2018/2019 a confirmé l’affluence record avec 193 inscrits dont 33 nouveaux. C’est donc de nouveau à guichet fermé que nous commençons les cours dans les nouveaux locaux, plus spacieux et plus confortables, de l’Université Catholique de la place des Archives, côté cours Charlemagne.
Comme pour chaque saison, après le discours de bienvenue de notre président, le premier cours du 7 octobre 2018 commence par la présentation de Jean-Baptiste Martin à l’aide de cartes, du découpage des langues régionales de France ainsi que le développement des différents parlers dont le parler lyonnais et bien sûr le parler français actuel qui poursuit son évolution.
Nous reprenons la suite des mots relatifs aux jeux et loisirs avec les vogues, les bêches (la bêche est un petit bateau garnis de cerceaux recouverts par une toile), qui formaient un établissement de bains froids, ancêtres de nos piscines. La pêche était très prisée en Saône, à l’époque où les eaux étaient peu polluées et notre parler avait ses propres mots comme l’engrain pour la préparation des œufs de mouches des vesons et des asticots. Chaque pêcheur à son endroit choisi (pour papa c’était du côté de l’ile Barbe) il engrainait pour attirer les poissons et il n’y avait plus qu’à amorcer la ligne, et ça bichait attenant, ablettes pour la friture, tunards (hotus) ou chavassons (chevesnes ou meuniers) que je récupérais avec le filochon (l’épuisette). On rejetait les poissons-chats qui, au dire de papa, étaient cafis d’arrêtes. Nous terminons avec les joutes dont le mot le plus connu est le tabagnon qui est aussi l’estrade, le lieu où l’on discoure.
Au début du deuxième cours, Jean-Baptiste Martin nous parle du parler créole français pour nous faire comprendre l’évolution d’une langue dans la rencontre de deux parlers. Il se parle pour les Caraïbes en Martinique, Guadeloupe, Guyane et pour l’Océan Indien à la Réunion et l’ile Maurice. Il s’agit donc pour des besoins élémentaire de vie en commun, de former une langue sommaire entre une langue supérieure, celle de la population dominante, les colons (le français du XVIIe siècle et une langue inférieure, celle de la population servile, les esclaves transplantés. L’évolution se fera à partir de la société d’habitation, quand les colons étaient en nombre supérieur aux esclaves et travaillaient avec eux et la société de plantation où les besoins en main-d’œuvre ont conduit à ce que les esclaves étaient en plus grand nombre que les colons qui étaient alors des gestionnaires et n’avaient de relation qu’avec les plus anciens esclaves. Voici un exemple amusant : la transcription phonétique et sans ponctuation d’une phrase en créole et sa traduction en français actuel. Wat épi souwi di chat ka détruit yo twop pis chat ka mangé yo. konsa yo tiwé yon plan yo ampéché chat manjé yo. Le w se lit r et il faut rajouter des articles. Yo c’est eux que l’on peut écrire les. Donc cela nous donne : Le rat et la souris disent que le chat est en train de les détruire trop (en trop grande quantité) puisque le chat est en train de les manger. Comme ça (Pour cela) eux (ils) tirent un plan à eux pour empêcher le chat de les manger. Nous avons donc bien affaire à un langage sommaire qui lexicalement est en français.
Dans le même esprit, tout aussi intéressant et amusant, notre linguiste en janvier et février nous parlera du québécois français, puis de l’helvétisme, le parler régional français suisse romande. Nous pouvons donc conclure que le parler lyonnais est une créolisation évoluée du latin. Ces trois petites digressions ont été fort appréciées et nous avons poursuivis, toujours aussi agréablement les autres thèmes de notre parler régional.
Les métiers dont : La Blanchisserie avec les dames de plate, le bateau à fond plat des buyandières, le batillon, la balle à linges… Les Modères qui avaient le privilège de la remonte des bateaux à Lyon. La sage-femme ou releveuse, et tous les petits métiers : le racle-fourneaux ou fumiste, le gapian qui relevait les impôts, Le pousse-cul ou huissier, l’Anier qui ramassait les équevilles, le gnafre, péju, regrolleur ou bijoutier sur le genou comme dit Gnafron…Et bien sûr une grande place à la canuserie.
Outre les mots, il y eut aussi la grammaire comme : tant qu’à moi, pas rien, du depuis, quand nous, manquablement, incontraire, … et les expressions : ce n’est pas de craindre, être trempe de chaud, courir la patentaine, sans décesser, prendre du souci, droit comme une bugne, tenir tati…
En mars surprise ! Notre président nous annonça que ce samedi sera consacré à une dictée lyonnaise. Le texte est extrait d’un petit livre écrit par nos célèbres marionnettistes : Jean Clerc, Jean-Guy Mourguet, Andrée Burtin et Jeannine Tardu-Billot. Il s’agissait d’utiliser nos connaissances de mots appris pour la construction d’un texte et permettre sa mise en musique. Elle fut placée sous la présidence d’honneur de Just Tirebarre académicien de l’Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées, cousine germaine de notre société car elle a aussi pour but d’œuvrer pour le maintien des traditions lyonnaises, la cuisine, l’esprit et l’humour lyonnais. Il nous en présente les bases et la dictée commença avec sérieux et bonne humeur. La correction s’effectua joyeusement avec notre duo d’enseignants. Cerise sur le gâteau, chaque participant à la dictée, reçu un exemplaire de la réédition de l’ouvrage de Clair Tisseur, par les Editions lyonnaises d’Art et d’Histoire, « Les histoires de Puitspelu lyonnais ».
Passons à la phase finale de cette saison qui se termine, par la traditionnelle remise des diplômes. Et en voyant la mine réjouie des récipiendaires, il ne fait aucun doute que la rentrée prochaine, s’effectuera elle-aussi carton plein avec des nouveaux élèves et de nombreux anciens.
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Saison 2017/2018
Cette saison a connu une affluence record avec 182 adhérents dont 37 nouveaux. C’est donc à guichet fermé que nous commençons les cours dans l’amphithéâtre de la Faculté Catholique de la place Carnot.
Comme il se doit, la première session du 7 octobre 2017 commence par la présentation à l’aide de cartes, du découpage des langues régionales, du nord au sud et d’est en ouest : les parlers germaniques d’Alsace et Moselle, le Breton, la langue d’oïl, l’occitan, le basque, le catalan et le corse et bien sûr au centre est, nous retrouvons notre région où le francoprovençal précéda le parler lyonnais. Le décor est planté et après les explications très riches de Jean-Baptiste Martin, suivies avec attention par les nouveaux comme les redoublants, nous entrons dans le vif du sujet en poursuivant le thème des « Défauts » commencé la saison précédente. L’harmonie entre notre président et notre linguiste émérite est toujours entrecoupée d’anecdotes plaisantes et drôles comme l’anecdote d’Eugène Vial concernant le terme pierre-qu’arrape qui désigne un cogne-mou qui passe son temps sur un banc à ne rien faire comme s’il y était collé.
En novembre nous étudions les mots et expressions sur le thème ‘’Bouger’’ : Aller en champs aux vaches, bouliguer, être bougeon, à plat, bougrasser, se décabaner, trabouler...
Après Bouger, en janvier ce sera ‘’Ne rien faire’’: se lentibardaner, bras-neuf, flapi, pique-plante... Sans transition nous passons à l’Anatomie : le casaquin, le cotivet, les agnolets, la miaille, et aussi les doigts de la main, le gros det, le laridet, la longue dame, le jean du siau (l’annulaire dont on ne connaît pas l’origine de cette désignation) et le cortiaud.
Nous terminerons l’anatomie en février avant de passer aux termes relatif à la Médecine : le bocon, potringue, rhabilleur (qui vient du gaulois signifiant bille de bois et c’est donc l’idée de remettre droit), la lourde...
Au mois de mars nous terminons les termes de Médecine. Ce sera aussi le point d’orgue de cette vingtième année des cours de parler lyonnais. Ils ont débuté en 1998 avec Anne-Marie Vurpas et Gérard Truchet ; ils avaient été inspirés par madame Méjat fidèle de notre société. Ce fut l’occasion de lui rendre hommage. Idem pour Claudine Fréchet, doyenne de la Faculté de Lettres et Langues à l’UCLy qui fut elle aussi remerciée pour les soins discrets qu’elle met à nous accueillir dans les locaux de la Faculté.
Comme de bien s’accorde, le dernier cours du mois d’avril, compléta les mots concernant, la Famille avant de poursuivre avec les ‘’Gestes et mots tendres’’ que tous les lyonnais de bon command se doivent de connaître : Achatir (amadouer, vient de chat), amitieux, coquer la miaille, faire gligli pour chatouiller, cocoler pour cajoler… Nous finissons dans la joyeuseté en évoquant les jeux comme : la fiarde, la ronflarde ou la ronflante, toupie de bois qui faisait la joie des cours de récréation et qu’on lançait avec le galan (le cordon), les filles jouaient à la classe (la marelle lyonnaise) et les garçons aux gobilles, avec les billes en terre, les agates et les bigarreaux.
À l’évocation de la longue, le jeu de boules lyonnaises, les langues se délient car, qui ne connaît pas les expressions comme : Faire un carreau sec (toucher la boule adverse en se mettant à sa place), faire un brochet, une alose ou un saucisson pour une boule qui se perd loin de celle visée, faire un biberon en collant le cochonnet et c’est aussi, peter la miaille au gone, réussir un museau contre le petit. Bien sûr, il vaut mieux ne pas heurter un graton (la boule est déviée par un petit caillou) et surtout ne jamais prendre, embrasser ou biquer la Fanny car c’est perdre en ne marquant aucun point.
Nous passons à la phase finale de cette saison qui se termine, illuminée par les sourires de tous, élèves et maîtres, par la traditionnelle remise des diplômes. Et en voyant la mine réjouie des récipiendaires, il ne fait aucun doute que la rentrée prochaine, s’effectuera elle-aussi carton plein avec de nouveaux élèves et de nombreux anciens.
Fabulgone
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Saison 2016/2017
Cette année, nous avons étudié les mots et expressions relatifs à quelques thèmes comme :
L’argent. En parler lyonnais, ce mot est du genre féminin d’où l’expression « l’argent est ronde c’est pour qu’elle roule et si elle est plate, c’est pour qu’elle s’empile ». Si cache-maille signifie tirelire, c’est aussi parce que la maille était la plus minime des monnaies, la moitié d’un denier, la vingt-quatrième partie d’un sou et il fallait six mailles pour faire un liard...
Boire et la boisson. Les contenants comme pot, cenpote, feuillette... Les liquides comme blanche, paradis, riquiqui... Ce qui concerne le boire : buvanvin, chopinaison, pied-humide...
La cuisine. Lyon étant capitale de la gastronomie, cette partie a été très copieuse et les spécialités lyonnaises comme les expressions et les mots sont aussi savoureux qu’amusants ; par exemple, un clergeon c’est un jeune clerc et c’est aussi une petite salade quand elle n’a encore que ses premières feuilles. C’est une métaphore pour comparer une jeune laitue et une laitue adulte et pommée avec un jeune clerc et un curé bedonnant...
Les défauts. Chaque mot donne lieu, ici aussi, à des échanges croustillants entre Gérard Truchet, Jean-Baptiste Martin et les élèves. Ce qui confirme que s’enrichir n’empêche pas la joyeuseté.
Dans le cadre de l’opération des « dis-moi dix mots », point d’orgue de la semaine de la langue française et de la francophonie, cette année encore, nous prenons à notre compte cet exercice linguistique et bien sympatique en choisissant dix mots lyonnais ou expressions étudiés cette saison.
Les textes doivent donc comporter : cache-maille - rapiamus - pied-humide - buvanvin - cenpote - déprofiter - mondures - platelée - bucler - j’ai du monde à manger.
Pendant plus d’une demi-heure, les fenottes et les gones qui ont souhaité écrire une petite historiette en font profiter l’assemblée, déclenchant rires et sourires. Avec dix mots, il y a de quoi écrire des histoires originales teintées de cet humour lyonnais dont Charles Exbrayat disait :
« Il met de l’ironie dans le sérieux afin de le rendre plus aimable ». Il rajoutait : « Pour se manifester, l’humour lyonnais a besoin des petites rues sombres où passent des silhouettes furtives et pressées de dames, anxieuses de retrouver le foyer conjugal où mijote le plat dont leurs imaginations ménagères hument à l’avance la roborative senteur et où d’autres sont en quête du gone qui leur paiera le canon de beaujolais ou de mâcon-village. Il ressemble à la mousse du champagne, pétillante et éphémère ».
Voici un exemple de ces textes, prit au hasard.
Songe d’une fenotte gourmande
Aujourd’hui il fait beau, j’aime me bambaner le long du Rhône. Je fais une pause au pied-humide de mon copain le Claude. C’est un buvanvin patenté mais comment résister à la tentation en brassant tant de cenpotes de morgon. Là, je me mets à rêver que j’ai du monde à manger ce dimanche. Comme je ne suis pas rapiamus, je vais faire un petit cayon bien buclé et je vais éplucher, éplucher des cardons ; je les ferai à la moelle, c’est super. J’aurai un bon cuchon de mondures et ce sont mes pillotes qui seront contentes. Quel beau rêve ! Je sens l’odeur, quel délice ! Mais oui cela sent bon ; c’est le Claude qui vient de mettre sous mon nez une platelée de bugnes toute fraîches et un canon de morgon. Je ne rêve plus, je me régale en vrai. Je n’aurai pas à déprofiter ma cache-maille; Je n’aurai personne à manger ce dimanche, mais tant pis, la vie est belle !
Comme chaque année, la remise des diplômes que les récipiendaires viennent chercher donne lieu à un mot gentil ou une petite pointe d’ironie malicieuse toujours délicate et souriante. La photo de classe des nouveaux promus vient, comme il se doit, clore cette joyeuse cérémonie toujours aussi bon enfant. Il ne fait aucun doute que l’an prochain les cours seront suivis par de nombreux multi-redoublants.
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Saison 2015/2016 par Fabulgone
La 18ème saison des cours de parler lyonnais débute comme de bien s’accorde un samedi. Nous sommes le 24 octobre 2015. Fenottes, gones et enseignants font rapidement connaissance avec leur nouvelle salle, moderne et lumineuse, un amphithéâtre situé au centre du rez-de-chaussée de la Faculté Catholique de la place Carnot.
Cette nouvelle année ne démérite pas des précédentes et confirme son attrait avec pas moins de 172 inscrits dont 28 nouveaux. L’ambiance est toujours conviviale et chaleureuse pour partie, grâce à la partition offerte par le binôme constitué de Jean-Baptiste Martin, linguiste émérite et de notre président Gérard Truchet.
Tout est réglé minutieusement comme du papier à musique, une organisation efficiente qui repose sur la complicité et la complémentarité de nos deux animateurs. Tout d’abord, Gérard propose un mot avec sa traduction, Jean-Baptiste complète en nous expliquant son origine, latine, grecque, gauloise ou germanique ainsi que son évolution ce qui nous éclaire sur le caractère bien vivant d’une langue et le fait qu’il n’y a pas d’antagonisme entre la langue officielle et les parlers régionaux.
Le tout constitue la richesse d’un patrimoine qu’il convient de défendre, conserver et protéger. Il ne s’agit donc pas de substituer le parler lyonnais à la langue française usuelle, mais bien de garder une trace de notre histoire.
Toutes les études montrent que les personnes qui pratiquent leur parler régional, sont de bons ambassadeurs du français officiel. Outre l’interactivité des deux animateurs, Gérard Truchet et Jean-Baptiste Martin agrémentent leurs propos d’une pointe d’humour parfois polissonne mais jamais grivoise qui fixe encore plus dans notre mémoire, les mots ou expressions apprises. C’est sans nul doute ce qui dynamise les cours et ravit chacun de nous.
Cette année comme l’an passé, le cours de février se termine avec le challenge de réaliser pour mars un petit texte comprenant dix mots déjà appris en cours. Il s’agit bien sûr de s’aligner sur la semaine des « dis-moi dix mots » de la langue française et de la francophonie. Les dix mots cette année sont : patrigot, bavardage - barboton, ragoût de mouton - gabouiller, patauger, barboter - quincher, pousser des cris aigus - ablager, accabler de sottises - caton, grumeau - à regonfle, en quantité - être en balan, se balancer d’un pied sur l’autre, être hésitant - de collagne, ensemble - bachassée, grande quantité de nourriture.
Parmi les nombreux textes remis, tous sont de bonne facture. Le choix s’avère difficile. Lesquels retranscrire ici ? En voici trois, pris au hasard :
improvisations
Les bienfaits du barboton
Son Augustin étant parti
Pointer les boules à Tabareau
Glaudia décida ce jeudi
De se mettre devant son fourneau.
Elle avait tout ce qu’il fallait
Pour préparer un barboton
Laurier, ail, oignon, serpolet
Pommes de terre et, bien sûr, mouton.
Mais quand à quatorze heures passées
Après avoir été Fanny
De trois boulistes accompagné,
L’homme en arrivant entendit :
Où donc avez-vous gabouillé ?
Que ma cuisine est sale, pas posse !
Je vais devoir recommencer
À lui donner un coup de panosse.
Glaudia arrête de quincher,
De nous ablager de sottises !
À table il vaudrait mieux passer
Plutôt que d’entendre des gognandises.
De collagne, asseyons nous
Autour de cette bachassée.
À regonfle régalons nous
Sans patrigot, sans chipoter
Et sans être en balan nous dirons,
En nous remplissant l’embuni :
Ce bon barboton sans caton
Va nous faire oublier Fanny.
À cette vue les parents des miaillons se trouvèrent bien en balan entre leur passer de suite un ratichon ou d’abord tacher moyen de décrotter leurs pantalons couverts de catons de gabouille et ce afin d’éviter les patrigots habituels des anciens.
Les gones rentrés dans leur cadole, tout trempes de chaud de leurs couaneries réclament droits comme des bugnes une bachassée de barboton bien chaud pour satisfaire leur estome vide. « Va d’abord te laver et à la galope » dit la Claudia à son petit Marcel non sans avoir fait peter la miaille à son chetit mottet, épuisé par ses gandoises de la journée.
Réunion chez la Grand
C’est dimanche ! Toute la famille est réunie chez la Grand à Vénissieux. Les fenottes sont aux fourneaux et préparent le repas, chacune y allant de son patrigot.
Tout par un coup, elles sont arrêtées dans leur besogne par une quinchée poussée par l’Emile qui est en train d’ablager le gone qui vient de gabouiller son bel habit en jouant dans les flaques d’eau de la cour.
Le calme revient et les préparatifs reprennent. Une bachassée de barboton mijote dans la cocotte en fonte et la pâte à matefaim, préparée sans caton dans le grand saladier, repose sous un torchon. Il y aura à manger à regonfle.
Le père et le fils sont en balan pour rentrer dans la cuisine ou traditionnellement on y boit de collagne le blanc limé, apéritif des grands jours.
Intempéries
Avant-hier tantôt, un fort vent de traverse nous a amené un temps bien chanin complètement mâchuré en soirée... Tout par un coup, une radée s’est déclenchée que ça a duré toute le nuit sans décesser, à regonfle, et que ça a ablagé toutes les vignes alentour.
Le lendemain matin, le soleil est réapparu et ça n’a pas manqué : tout un cuchon de gones et de fenottes du village se sont rués dehors de collagne, et nous ont fait la pantomime toute la journée, gabouillant avec forces quinchées dans les gours et gouillats de tout partout.
Saison 2014-2015
Le 4 octobre 2014, c’est dans une ambiance festive que les nouveaux étudiants et surtout les redoublants (dont certains sont assidus depuis un cuchon d'années), s’encuchonnent sur les bancs de l’amphithéâtre. Cette 17ème session est la dernière de notre présence à Ainay puisqu’à la rentrée prochaine nous irons dans les locaux de la faculté catholique en place Carnot. Comme depuis ces dernières années, c’est à guichet fermé que se déroulent les cours, confirmant l’attrait de nos sociétaires pour notre parler régional.
Le binôme entre Jean-Baptiste Martin linguiste émérite et notre président Gérard Truchet fonctionne cette saison avec la même complicité et la même complémentarité que lors des saisons précédentes. Et si le côté studieux prédomine, chacun apprécie le parfait équilibre entre sérieux et humour. Les thèmes qui sont abordés cette année concernent la maison : cambuse, cadette, galandage, l’allée, la traboule... Ses accessoires : far, cornet, charbonnier, coquelle, dubéloire, filoche, balle à linge, bardanier... Puis nous étudions la garde-robe : vagnotte, panaire, se mettre en sale ou en dimanche, bugne, chaussinettes... Ensuite nous travaillons sur les mots qui traitent de la couture : rapetasser, baigneuse, floquet, godaille...Viennent ensuite les façons de s’exprimer : Barjacter, beurler, chougner, gognandises, quincher, piapias, rebriquer... Et enfin nous examinons les termes relatifs à l’action : abouser, appondre, à cacaboson, bassouiller, sigogner, détrancaner, écramailler, pitrogner, tiripiller...
Mais il n’y a pas que les mots dont vous venez d’avoir quelques échantillons qui ont rythmé nos cours. Nous avons aussi vécu quelques moments forts et plus particulièrement le samedi 17 janvier 2015 où nous recevions Anne-Marie Vurpas, linguiste, chercheuse à l’Institut Gardette. C’est elle qui a initié avec notre président les premiers cours de parler lyonnais en 1998 et elle s’est investie pendant plus de dix ans à ses côtés avant de céder la place à Jean-Baptiste Martin. A nonante et un ans elle est venue présenter son étude sur le manuscrit de G.-F. Vincent daté de 1797, qui reprenait les mots de parler lyonnais pour en indiquer la correspondance en français. Un hommage vibrant lui fut prodigué avant qu’elle ne se plie à une longue séance de dédicaces, avec le sourire, pour son ouvrage Lyon-Naisisme.
Le 14 février, nous nous quittons après avoir noté un devoir à rendre pour le cours suivant. Gérard nous propose, à l’instar de la semaine de la langue française du 14 au 20 mars 2015 « Dis-moi dix mots », de rédiger un texte en lyonnais avec : gone, bugne, caton, abat-jour, écommuns, galandage, cadolle, traine-grolles, gognandise, cacaboson. Et comme de bien s’accorde, le cours du 15 mars débute avec la lecture de quelques textes. Tous sont inventifs, savoureux et témoignent de l’ambiance tout autant chaleureuse que studieuse qui prédomine dans l’amphithéâtre. On ne sait quel texte choisir. En voici un pris au hasard.
Dans la cadole aux abat-jour baissés, Fanny la fenotte travaille la pâte énergiquement pour éviter de faire des catons en vue de régaler son gone qui adore les bugnes. Mais Fanny a beau appeler ce traîne-grolles qui est de l’autre côté du galandage, à cacaboson aux écommuns ; celui-ci n’entend pas et n’arrête pas de dire des gognandises.
La saison s’achève avec la traditionnelle remise du diplôme qui témoigne de la reconnaissance de l’assiduité et engage son récipiendaire à l’utilisation de notre langue régionale à seule fin qu’elle vive par-delà les décennies. Après la photographie des gones et fenottes montés sur le tabagnon, nous nous quittons en nous donnant rendez-vous au 24 octobre prochain en place Carnot. Le parler lyonnais source de notre patrimoine ne se tarira jamais. N'oubliez pas mes belins belines de cliquer sur les photos pour mieux les "arregarder"
Saison 2013-2014 bilan
Ce samedi 17 mai 2014 une nouvelle saison s’achève toujours animée par le tandem formé de Jean-Baptiste Martin linguiste émérite, et de Gérard Truchet notre président. Leur complémentarité, n’a d’égale que leur complicité. Ils débobinent leur patrigot sur le tabagnon avec un savoureux mélange de sérieux teinté d’humour pour le plus grand plaisir d’un auditoire réceptif et studieux. De temps en temps quelques uns interviennent en donnant leurs propres anecdotes personnelles qui se rajoutent aux explications imagées et drôles de certains mots.
Cette année, nous avons abordé des thèmes aussi différents que : les états d’âme (artet, faire la bobe, être finassu, rêvasson,…), bouger ( s’abader, à borgnon, s’ensauver, trabouler,…), les métiers et les termes s’y rapportant (les plates, bêche, modère, dégraisseur, regrettier, patti, gandou,…) ; une session a été plus spécialement consacrée comme de bien s’accorde à la canuserie. Puis nous avons étudié : « ne rien faire, se prélasser » avec des mots comme : bambane, lentibardaner, s’économiser, grolasser… Quant aux deux derniers thèmes relatifs à l’anatomie et la médecine, (cotivet, miaille, chaillottes, corgnolon, arpions, bocon, drogasser, déponteller, la vasivite, la lourde, repapilloter, aquigé, être bien fatigué, crevogner…) ils ont été particulièrement réjouissants car c’est un trait de l’humour lyonnais que de savoir rire et se moquer de ce qui est triste et douloureux. C’est un peu comme pour conjurer le mauvais sort.
Le dernier cours a été l’occasion de saluer la présence, parmi les ‘’étudiants’’, de Marie-Louise Garavel, notre doyenne âgée de nonante cinq ans, et de Denise Méjat qui fut en 1998 l’instigatrice des cours de parler lyonnais, proposant à Gérard Truchet leur mise en œuvre ; une aventure qui perdure depuis seize ans.
Comme de bien s’accorde, la remise des diplômes à pas moins de trente huit récipiendaires (même si certains n’étaient pas présents) ponctua une saison bien remplie, avec en plus, la remise du diplôme par anticipation à notre « étudiante de Tokyo » Aya Sona à qui nous souhaitons bonne chance dans la poursuite de ses études.
Un samedi à Ainay - le 11 janvier 2014
L'amphithéâtre est à nouveau comble pour ce troisième cours de la saison. Chacun reçoit la fiche des mots étudiés la session précédente, Les feuilles, les cahiers, les carnets, les dictionnaires, sont étalés sur les pupitres. Un joyeux brouhaha règne dans la salle jusqu'à ce que le Président prenne le micro, souhaite la bienvenue aux fenottes et aux gones, nous réjouissant au passage de quelques gandoises.
En première partie, Jean-Baptiste Martin notre linguiste reprend l’historique de l’évolution du français et des règles qui régissent l’orthographe. Préambule important car il nous permet de mieux appréhender l’évolution du français et des parlers régionaux qu'il s'agisse du franco-provençal ou du lyonnais. Il nous parle des difficultés entre le langage parlé et l'écrit. Nous illustrons et terminons ce préambule par une petite dictée qui reprend un mot en français, un homonyme écrit de six façons différentes :
- Cinq moines, sains de corps et d’esprit, ceints de leur ceinture, portaient dans leur sein le seing du Saint –père.
Après ce préambule « technique », nous reprenons l’étude de nos « mots lyonnais » sous la direction de Gérard Truchet ; le thème du jour est : les métiers. Chaque mot est suivi d'exemples imagés et souvent drôles.
Comme de bien s'accorde, après l'effort, chacun apprécie le réconfort en dégustant comme il se doit la brioche avec un canon... pour faire glisser.
Pour en savoir plus lisez l'extrait que voici
La rentrée du 19 octobre 2013
Nous nous trouvons d'entrée de jeu immergé dans le parler lyonnais avec Gérard Truchet, conversant avec savoir-faire, gourmandise et humour dans l'emploi de mots et expressions empruntés au parler lyonnais. Et pour rebondir, son comparse, Jean-Baptiste Martin, linguiste émérite, nous fait partager sa science. Ce jour là, nous accueillons avec plaisir le retour de la jeune étudiante japonaise résidant à Tokyo, Aya Sona,laquelle poursuit son travail sur sa thèse concernant le "Francoprovençal".
L'amphithéâtre de l'Université Catholique affichait complet avec 185 élèves présents pour ce premier jour d'une rentrée qui voit se poursuivre l'accroissement des inscrits amoureux de notre patrimoine linguistique.
Marie-Christine Parra, journaliste au Progrès est également présente laquelle dès le lendemain, nous offre un très joli article dans l'édition du dimanche.(cliquez sur l'image)
Article de presse
Le 30 avril 2012 -Le Progrès
Ce jour là; une chenuse Colombe, Florence Fabre, journaliste au Progrès vint assister à notre cours. L'article repris ci-dessous reflète bien l'ambiance studieuse et joyeuse qui règne dans l'amphithéâtre:
Avec les cours de parler lyonnais, la langue de Guignol revit tous les mois !
« Mon entrée intempestive dans la grande salle de l'université catholique de Lyon, a interrompu le cours, (une vraie institution) instaurée depuis 1998 par la société des amis de Lyon et de Guignol. Une fois par mois, son « président » Gérard Truchet se transforme en professeur de ce qu'il défend avec force et conviction : le patrimoine de « Yon ». A ses côtés, Jean-Baptiste Martin, professeur émérite des universités, spécialiste des langues régionales participe à cette aventure.
Je suis venue pour découvrir une culture qui n'est pas la mienne, curieuse de voir comment l'apprentissage se fait. Tout d'abord, je constate qu'il s'agit d'un vrai cours où la centaine de participants note et écoute. J'examine avec intérêt le duo-professoral qui fonctionne bien : Gérard dans l'humour, le ressenti et les souvenirs liés à son enfance, tandis que Jean-Baptiste, linguiste, fournit explications et étymologie des mots, en utilisant des cartes géographiques et livres de référence. Aujourd'hui, nous travaillons sur le vocabulaire culinaire, et on ne « lentibardane » pas ! A Lyon point de langue d'Oc mais du franco-provençal.
Gérard écrit au tableau une liste de mots qui me sont souvent inconnus : la radisse, les gaudes, le claqueret, les bugnes (à l'éperon)... Vous pouvez déguster ces dernières, mais aussi vous faire traiter de « grande bugne ! » ou voir votre voiture « bugnée » (cabossée), explique Gérard avec un cuchon d'exemples.
L'expression « la cervelle de canut se dit depuis septante, pas avant! », assure Gérard, qui parle aussi de « fromage blanc en salade ». Et le voilà parti dans l'explication de la recette (Voir par ailleurs). Durant ces deux heures, nos professeurs ont fait revivre cette langue riche et imagée. « Alors vous reviendrez nous voir ? », me demande le « parsident » après le cours. Oui ! Car je me suis passionnée pour cette sagesse lyonnaise, si éloignée de l'exubérance de mon sud natal...
De la fenotte du Progrès Florence Fabre
04 février 2012
Le succès des cours de parler lyonnais suivi par vingt-cinq étudiants en 1998 ne se dément pas, car ce sont plus de 160 étudiants assidus qui ont suivi les cours de la saison 2012-2013.
Le travail effectué par un... "étudiant" membre de la société, lors d'un samedi à Ainay, témoigne bien que les cours de parler lyonnais permettent de conserver la mémoire des autrefois et de notre culture tant sur le plan collectif qu'individuel. Un après-midi à Ainay
Le 04 février 2012, le cours avait été suivi par une étudiante japonaise résidant à Tokyo, Aya Sona,laquelle prépare une thèse sur les "parlers régionaux".