par ELIANE VERNET.

Relier les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse à Lyon (1847-1990)

Entre 1847 et 1991, 44 projets d’un pont reliant les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse ont été réalisés. Les archives municipales de Lyon, départementales et de la métropole du Rhône et les journaux conservent des dossiers sur la plupart d’entre eux.

Fourvière et la Croix-Rousse sont deux collines de granit et de gneiss de 250 et 295 mètres d’altitude séparées par la Saône (fig. 1).

La colline de Fourvière permet l’accès aux Monts du Lyonnais ruraux et au-delà aux mines de houille de la région stéphanoise utiles aux industries sidérurgiques et à la liaison ferroviaire Lyon Saint-Étienne mise en place entre 1826 et 1836.

La Croix-Rousse a été une commune indépendante jusqu’en 1852, date à laquelle elle a été incorporée à la capitale des Gaules.

S’y sont installés les Canuts travaillant la soie sur les métiers Jacquard.

Fig. 1. – L’emplacement des ponts (figuré en noir), entre les collines de Fourvière (à gauche de la Saône) et de la Croix-Rousse (à droite de la Saône).

Extrait de arch. mun. Lyon, 2S 264, « Plan de Lyon et de ses nouveaux quartiers… », 1858.

L’idée de relier la Croix-Rousse au centre ne pouvait que germer chez les Lyonnais : ne serait-ce que pour contrôler le travail des Canuts, les maisons de soierie étant restées au bas des pentes. D’où l’idée d’un pont.

La Saône dispose ici d’une vallée de 100 à 120 mètres de large, sa pente est faible, son courant peu rapide, son débit abondant et son régime contrasté : elle s’évapore l’été et « gonfle » l’hiver. L’emplacement choisi n’a rien d’original.

Après la Révolution et jusqu’en 1990, selon un rythme très inégal, il a été suivi par 34 individus ou entreprises qui ont présenté 44 projets divers, toujours localisés au même endroit.

Si leurs objectifs sont différents, le cheminement de leurs démarches est assez semblable. Au bout du compte, après une période d’enthousiasme, pour des raisons variées, leurs projets ne sont pas réalisés et restent donc à l’état de documents virtuels qu’on peut retrouver pour le XIXe siècle dans les archives municipales lyonnaises et pour le XXe siècle dans différents dépôts.

Les auteurs des projets

 – Liste chronologique des auteurs et de leurs projets.

1847 – Lehaître et Bonnardet , 1847 – Chipier 1, 1852 – Lehaître, 1852 – Bourget 1, 1852 – Bourget 2, 1852 – Bonnet, 1852 – Vergniais, 1853 – Chipier 2, 1857 – Bonnefond, 1858 – Brisset

1865 – Drevet, 1865 – Vilbien, 1866 – Vettard, 1869 – Carrière, 1869 – Combet 1, 1870 – Trévoux 1, 1871 – Trévoux 2, 1872 – Combet 2, 1875 – Sallebert, 1875 – Eiffel 1, 1875 – Denis, 1875 – Givord et Raclet, 1886 – Moyret, 1890 – Dumond 1, 1890 – Clavenad, 1890 – Préaud et Avril, 1890 – Eiffel 2, 1891 – Eiffel 3, 1892 – Schneider et Cie, 1893 – Dumond 2, 1895 – Teste, Pichat, Moret et Cie, 1895 – Société des transporteurs continus et universels, 1896 – Bonnefoy

1897 – Magnenant, 1903 – Berchet – De Brancion, 1925 – Massaux, 1925 – Lambert, 1946 – Lambert, 1986 – Jourda, Perraudin, Rice, 1987 – Faucon, 1990 – Mimram, 1990 – Jourda-Perraudin, 1990 – Berlottier, 1990 – Foster

Doc. F. Bayard.

Quel pont pour quel Lyon ?

Fig. 3. – Le pont d’Hercule. 

Fig. 4. – Le procédé Cantilever : l’exemple du pont de Québec (vu de l’est).

Cliché Muriel Leclerc  © . 

Fig. 5. – Le pont de bois.

Fig. 6. – Un pont suspendu.

Fig. 7. – Un pont à treillis.

Fig. 8. – Un pont à haubans

Fig. 9. – Le pont Chipier à deux étages.

Doc. V. Giorgiutti.

Expliquer les échecs

Dans trois cas, les projets sont jugés insuffisants.

Le plus souvent, cependant, l’ingénieur examine le projet très attentivement avant de le rejeter pour quatre raisons.

Pour cinq d’entre eux, ce sont des impossibilités techniques qui sont relevées :

Pour deux, c’est la faiblesse des calculs de coût et de rémunération qui est mise en cause.

Pour six, l’ingénieur soulève le problème du financement :

En quatrième lieu, les ingénieurs montrent le décalage existant entre le projet envisagé et l’évolution de la situation :

Enfin, les circonstances et les aléas de la vie politique peuvent expliquer les échecs de deux

En 1895 La ville, émet le vœu que l’État prenne à sa charge ou impose à la compagnie PLM l’exécution de cette ligne. »

​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​