Eugène VIAL
Eugène Vial naît à Saint-Etienne en 1863, mais sa famille est lyonnaise depuis le XVIIe siècle. Son père était Conseiller à la cour d'appel de Lyon et la famille de sa mère figure parmi les plus riches familles lyonnaises du XIXe siècle. Il sera lui-même inscrit au barreau de Lyon de 1884 à 1897, mais le métier d'avocat ne le passionne guère et étant à l'abri des contraintes matérielles, il se consacre dès 1897 à l'étude. Il figure parmi les érudits lyonnais de la première moitié du XXe siècle alliant avec aisance science et humour.
Il se passionne pour les affiches de Chéret et donnera sa collection à la bibliothèque municipale de Lyon. Manifestant un grand intérêt pour les ombres chinoises, il écrit pour ce théâtre des revues, des comédies, des livrets d'opéra et des oratorios de 1901 à 1908. Il s'intéresse aussi à la réécriture de l'histoire locale et publiera des monographies dans la Revue d'Histoire de Lyon entre 1903 et 1914 qui feront l'objet d'un livre édité sous le titre : Institution et coutumes lyonnaises. Il publie aussi dans le Bulletin de la Société Littéraire ; ses articles seront rassemblés dans Gens et choses de Lyon. En 1913, il est élu à l'Académie de Lyon. Avec son ami Marius Audin il édite en 1918 le Dictionnaire des artistes lyonnais, ouvrage fort utile pour les chercheurs d'aujourd'hui.
Après la première guerre mondiale où il assume les fonctions de secrétaire du Comité de Secours aux oeuvres de guerre de Lyon, il poursuit ses recherches autant sur l'histoire contemporaine que sur l'histoire ancienne avec des études sur les Horlogers lyonnais de 1550 à 1650 (1927), les Costumes lyonnais du XIVe au XXe siècle (1935), et sur Jean de Tournes (1937). C'est sous le pseudonyme de Thomas Bazu qu'il entre en 1920 à l'Académie des Pierres Plantées. En 1926 il est nommé directeur et conservateur du musée Gadagne nouvellement créé où il effectue un travail remarquable d'acquisitions, de classement et de valorisation des collections. C'est en 1928 qu'il adhère à la Société des Amis de Guignol dont il devient vice-président. Fortement impliqué, il rédige de nombreux articles pour les Almanachs en adoptant plusieurs pseudonymes. Il écrit aussi pour le théâtre et élabore de nombreuses saynettes.
Il quitte Gadagne en 1937, et quand la seconde guerre mondiale éclate, il est missionné en tant qu'adjoint au secrétaire du Comité de Secours aux mobilisés. Il meurt le 13 janvier 1942 ; ses manuscrits et ses notes sont aujourd'hui conservées aux musées Gadagne pour servir aux générations futures d'historiens.
Pierre NEICHTHAUSER
Pierre Neichthauser naît le 14 février 1873. Dès huit ans il joue les figurants au théâtre Bellecour (la Fnac actuelle) puis en1888 au théâtre Guignol du Caveau des Célestins. Avec son frère Ernest et Henri Dunan, ils donnent leur spectacle tant en France qu’en Suisse et participent à l’exposition universelle qui se tient au Parc de la Tête d’Or. Pierre joue ensuite au théâtre Guignol rue Palais Grillet où il rencontre Eléonore Josserand qu’il épousera le 28 octobre 1903. Tous deux animent alors un théâtre ambulant de marionnettes et se déplacent à Montpellier, Nice, Luchon et en Afrique du Nord avant de revenir sur Lyon.
En 1907, il achète à Joseph Mercier le castelet qui se trouve 30, quai Saint-Antoine qu’il baptise du nom de « Théâtre Guignol Mourguet » appellation qui perdurera jusqu’à sa fermeture en 1981. Il tient le rôle de Gnafron, personnage qui va lui coller à la peau durant toute sa carrière. En 1911, il est membre du Comité pour l’érection du Monument Mourguet et fera partie des membres fondateurs de la Société des Amis de Guignol mettant à disposition de l’association son théâtre pour lui permettre d’organiser des spectacles dont le premier aura lieu le 13 décembre 1913.
Pendant la première guerre mondiale Pierre Neichthauser participe à l’effort de guerre avec son équipe en envoyant des castelets sur le front pour distraire les soldats et dans les camps d’internement pour les prisonniers de guerre. Il donne également de nombreuse représentations au profit des blessés et des jeunes orphelins de guerre. Grâce à lui, le siège social de la Société des Amis de Guignol est installé au 30, quai Saint –Antoine de 1920 à 1926. En 1921, il crée une école de marionnettes et fonde l’Association Nationale des Marionnettes Lyonnaises.
Il avait acheté une propriétés à Brindas où il organisa des fêtes et des réjouissances. En 1929, il est élu maire de Brindas et sera réélu régulièrement jusqu’en 1941 où il sera destitué par le gouvernement de Vichy. Le 27 avril1930 son épouse décède ; très affecté, sa nièce Jeanne s’occupera de son oncle jusqu’à son décès. Durant sa longue carrière, il sera honoré, obtenant le prix d’exécution en 1929 à Paris, en 1931 à Liège et en 1932 à Londres . Il est officier des Palmes Académiques puis décoré de la légion d’honneur pour son activité théâtrale, la défense des traditions lyonnaises et la promotion du théâtre Guignol à l’échelon national et international.
Sa santé s’altérant, il est contraint d’abandonner ses activités au cours de la seconde guerre mondiale. Il décède le 4 décembre 1953. Edmond Locard dira dans son éloge funèbre : « Il laisse un nom et un souvenir, il représente une tradition et porte le poids d’une légende car son théâtre incarne l’âme lyonnaise. » Il est enterré à Brindas avec dans son cercueil une marionnette de Gnafron. Son nom est gravé sur le monument Mourguet en 1955.
Frédéric JOSSERAND
Arrière petit-fils de Laurent Mourguet, Frédéric Josserand naît le 20 février 1878. Après l'école primaire, il entre en apprentissage et devient technicien en maroquinerie. Après son travail, le soir il rejoint ses parents pour les seconder au théâtre Guignol du Passage de l'Argue. Après son service militaire, il se marie avec Augustine Habouzit qui lui donnera deux filles : Jeanne et Marie-Louise. Tous deux quittent alors Lyon pour se rendre à Vichy où Jean Fine dirige un théâtre Guignol et après de nombreuses tournées dans toute la France, ils rejoignent la troupe de Pierre et Ernest Neichthauser qui en 1905 évolue au Casino municipal de Nice.
Le 2 aôut 1914, Frédéric Josserand part au front où il sera blessé en 1917 ce qui lui vaut six mois d'hôpital avant d'être mobilisé dans un atelier orthopédique. Il devient dans ce domaine, un ouvrier très habile. Le soir il se glisse derrière le castelet du 30, quai SaintAntoine pour donner vie à ses marionnettes. Sans quitter son métier, il est nommé en 1923 directeur du théâtre des "Têtes de bois " de la Société des Amis de Guignol. Pour notre société, c'est un honneur et une reconnaissance, d'être ainsi loué par la famille du créateur de Guignol. Excellent marionnettiste, il est aussi très doué pour la sculpture de têtes de marionnettes leur donnant à chacune une expression sans égal.
En 1928, sa fille Marie-Louise se marie avec Henri Brunel et de leur union naitra Jean qui prendra le pseudonyme de Jean-Guy Mourguet. Auparavant, Frédéric Josserand qui a repéré les qualités artistiques de son gendre Henri, l'embauche dans sa troupe puis alors qu'il est à peine agé de dix ans Jean-Guy sera hissé à son tour sur un tabouret pour tenir sa première marionnette. Tout allait pour le mieux, mais hélas, le 28 mars 1936 la mort ravit à sa famille Frédéric Josserand. Son épouse Augustine lui succédera en étant nommée à la direction du Théâtre de la Société, place qu'elle occupera jusqu'à la veille des années soixante.
Entre temps Henri Brunel entré au bureau de l'association en devient secrétaire-adjoint. Dans le castelet, il tient le rôle de Guignol, jouant une fois par mois, à la fin des conférences, pour les sociétaires de notre association. Jean-Guy Mourguet de son côté fera sa première intervention artistique pour notre Société le 24 mars 1949. C'est avec lui que s'achève la lignée de ces marionnettistes descendants de Laurent Mourguet, qui ont su honorer de leur talent la Société des Amis de Lyon et de Guignol.
BENOIST-MARY
Marie Benoit Antoine Renard naît le 1er octobre 1864, rue de Trion, de parents brodeurs en ornements d'église. Elève sans problème, il fréquente en dehors des classes le Cercle Saint-Antoine, section artistique animé par le père de Joseph Lavarenne, où il suit les cours de théâtre. A quinze ans, Monsieur Lavarenne lui propose un remplacement d'acteur qui rencontre très vite un grand succès. Il prend quelques années plus tard le nom de scène de Benoist-Mary et joue aussi bien des pièces du répertoire classique que des interprétations comiques. Professionnellement il travaille dans une maison de soierie comme commis en écriture puis comptable.
Lorsque Monsieur Lavarenne cesse ses activités au cercle, on se retourne vers Benoist-Mary ; celui-ci abandonne son métier, il s'installe 15 rue des Fossés de Trion et devient comédien professionnel assurant les plus grands rôles en tournées dans toute la France, en Espagne et en Afique du Nord. Mais c'est à lyon qu'il fera toute sa carrière. Il joue le répertoire classique, affectionne les pièces de Labiche avant d'accroître sa célébrité avec ses "Monologues". Il joue à la perfection les rôles féminins ; ses mimiques incomparables, sa diction parfaite sont couronnées d'un accent lyonnais inimitable et naturel. les monologues devenus célèbres comme "le Matefaim", "La soirée au grand thiâtre", "la promenade à Chaponost" deviendront des classiques de son répertoire.
Il participe à l'effort de guerre pendant la periode difficile de 1914 à 1918 en distrayant les malades et les blessés de guerre dans les hôpitaux et participe avec la jeune Société des Amis de Guignol à de nombreux galas de bienfaisance entre 1915 et 1919. Il est alors membre honoraire de la Société et présent aux divers spectacles organisés par l'association pendant toute l'entre-deux-guerres. Il enregistre divers disques 78 tours où les monologues les plus célèbres sont conservés et l'on peut ainsi entendre la voix inimitable et l'accent lyonnais de ce conteur du coteau de Saint-Irénée.
En décembre 1944, il est victime d'une hémorragie cérébrale et décède le 13 du même mois. La messe de funéraille est dite par Monseigneur Lavarenne; Il est inhumé au nouveau cimetière de Loyasse. Le 9 septembre 1946 est inaugurée dans le cinquième, la rue Benoist-Mary qui part de la rue des Anges jusqu'à l'avenue Barthélémy Buyer. La société des Amis de Guignol, à l'origine d'une souscription lancée en 1946, fera apposer une plaque commémorative sur la façade de la Maison où il a vécu.