Emile LEROUDIER
Des fondateurs passionnésÉmile Leroudier est une figure importante de l'histoire lyonnaise et de la Société des Amis de Guignol dont il fut l'un des fondateurs et le trésorier puis à partir de 1924 le vice-président. Il était passionné d'histoire lyonnaise mais aussi de la Fabrique de soirie car sa mère Marie-Anne Leroudier, une des brodeuses les plus remarquables de son temps, fut couronnée de prix prestigieux lors d'expositions universelles.
Né sur les pentes de la Croix-Rousse, apprenti tapissier puis "dessinandier" il fut président du Syndicat des dessinateurs de l'École lyonnaise de Tissage. Ecrivain et bon historien, il rédige plusieurs ouvrages sur Lyon, la Fabrique de soirie et les dessinateurs. Maitrisant la langue lyonnaise et animé d'un talent certain, nourri d'un sens de l'humour aiguisé, il écrit et raconte des histoires et des contes comme celui de Jean Tormente, le méchant regrettier qui serait à l'origine du Gros Caillou. Il s'illustre à travers l'ouvrage "Noël et chansons en patois lyonnais" précédé d'une étude sur le parler lyonnais.
En 1922, il est le créateur et le directeur de l'Almanach des Amis de Guignol puis en 1926 du Bulletin trimestriel qui publie bon nombre de ses contes dont La légende du Gros Caillou, La véridique histoire du Tape-cul ou l'Esprit de chez nous. Rédacteur de la rubrique Choix de dire et de faire, ses fameuses maximes sont recueillies par Justin Godart qui les publiera sous le pseudonyme de Catherin Bugnard dans la Plaisante Sagesse lyonnaise. il est aussi à l'origine de la chronique "Ohé les gones" du bulletin. Son pseudonyme était Glaudius Mathevet.
Il assurait aussi l'intérim de Justin Godart quand celui-ci était retenu par ses obligation professionnelles. Très impliqué dans la vie publique et associative, il fut adjoint au maire de Lyon jusqu'à sa mort en 1937.
Emile Leroudier demeure dans les mémoires autant pour ses connaissances des traditions et du parler lyonnais que pour ses nombreux travaux de recherche sur l'histoire de Lyon et de la Fabrique lyonnaise ainsi que pour son air espiègle et son humour savant qui transparait dans ses chroniques.
Jean VERMOREL
Né à Lyon le 14 mai 1875 dans une famille de soyeux, sa passion et son intêtrêt pour la ville de Lyon étant très forts, Jean Vermorel se consacre à la critique littéraire,écrivant des nouvelles, des romans et des contes. Il est attaché à la bibliothèque du Palais des arts en 1909 avant d'être nommé archiviste de la ville en 1912, fonction qu'il occupera jusqu'en 1934. Il guide alors les chercheurs sur l'histoire municipale et laisse d'abondantes notes manuscrites sur divers aspects de l'histoire lyonnaise. Il appartenait à l'Académie des Pierres Plantées sous le pseudonyme de Joannès Papelard
Membre fondateur de la Société des Amis de Guignol dont il fut secrétaire général et l'un des vices-présidents, il donne de nombreuses conférences sur des sujets familiers de l'histoire lyonnaise. Parallèlement, il mène une activité sociale importante dans l'instruction populaire affirmant que l'ignorance et l'éloignement du peuple à l'éducation constituent un danger pour la démocratie. Il créée l'Assistance fraternelle de l'Enfance et de la Jeunesse et l'Art pour tous. Pour lui, l'attachement et l'enracinement aux traduitions d'un coin de France contribuent à ce que l'on soit d'autant plus Français qu'on est Lyonnais.
Il rédige de nombreuses publications dans la collection Amis du vieux Lyon où il révèle à partir de documents d'archives le rôle prépondérant pour le patrimoine, du théâtre de rue populaire et des marionnettistes comme le père Coquillat. Il écrit aussi ses souvenirs beaujolais et lyonnais faisant revivre des lyonnais célèbres. Il fut aussi un redoutable journaliste menant des enquêtes et collectant des témoignages qu'il fait vivre dans Croquis et Silhouettes politiques et Visages rencontrés qui fourmillent d'anecdotes diverses et savoureuses. Ses portraits sont précis relevés d'une petites touche d'irrrespect sans méchanceté comme l'aurait fait Guignol.
Jean Vermorel meurt dans sa résidence du Beaujolais le 21 janvier 1942. Dans son éloge funèbre, le docteur Locard dira qu'il mena toute sa vie durant une tâche quotidiènne choisie et aimée, nourrie d'un idéal et d'un esprit de solidarité. Il eut une existence simple manifestant un attachement aux traditions qui font dans nos provinces des âmes calmes et ordonnées, constituant ainsi une richesse immatarielle que nul ne pourra nous ravir.
Joseph-Ernest VIAL
Joseph-Ernest Vial naît le 6 juillet 1852 Grande-Rue de Vaise quelques semaines après le rattachement de ce faubourg à la ville de Lyon. Fils de pharmacien, il suit des études de pharmacie et reprend la direction de l'officine paternelle. Inventeur du célèbre sirop Vial de Vaise dont il assura la promotion en 1881 en lachant des prospectus lors d'un voyage en nacelle, il était aussi renommé pour son savoir-faire, ses compétences médicales, sa disponibilité et son humanité.
Victor Augagneur, maire de Lyon demande à joseph Vial de figurer sur sa liste dans le 5ème arrondissement et Victor Augagneur est nommé Gouverneur de Madagascar en 1905 et il propose Édouard Herriot pour le remplacer à la mairie. Édouard Herriot devenu maire sollicitera Joseph Vial pour un poste d'adjoint. Jovial et à la répartie prompte et après avoir assisté à un spectacle de Guignol pour son centenaire en 1908, c'est au cours du conseil municipal du 28 juin 1909 qu'il propose d'honorer, grâce à la fondation Grognard, la mémoire de Laurent Mourguet par la réalisation d'un buste. Puis, trésorier du Comité Laurent Mourguet, il paticipe à la souscription qui permettra que le buste soit admiré de tous en étant fixé sur le monument inauguré le 21 avril 1912. C'est donc tout naturellement que l'année suivante à la fondation de la Société des Amis de Guignol, il sera nommé trésorier, poste qu'il occupera jusqu'en 1930.
Ses activité sociales sont multiples : président de la caisse des écoles, administrateur du Mont de Piété et des hôpitaux de lyon et même un temps directeur de l'hôital de l'Antiquaille. Proche de la population, partout on loue sa gentillesse, sa disponibilité et son écoute. Il aime aussi à se reposer dans sa maison de campagne construite sur l'un des flancs du Mont Cindre ce qui lui vaudra d'être surnommé le deuxième ermite du Mont Cindre. C'est là qu'il reçoit ses amis et les membres du bureau de la Société dont une douzaine se souviendront du somptueux banquet qu'il organisa le 16 octobre 1923. Reçu le 4 février 1922 à l'Académie des pièrres Plantées sous le pseudonyme de Joseph Lèchevin, les administrateurs connaîtrons aussi les plaisirs de sa table.
Retiré en son "ermitage" du Mont Cindre, il nous quitte le 11 juillet 1935 et repose depuis lors au cimetière de Loyasse. Il était chevalier de la Légion d'honneur.
Jules PETITJEAN
Jules Petitjean naît le 14 avril 1885 à Lyon et réside 12 quai Saint Vincent. Il suit ses études au Petit Séminaire Saint-Jean avec Joseph Lavarenne son ami. Très intéréssé par notre marionnette lyonnaise (Son père Joannès avait façonné un castelet pour jouer Guignol le dimanche en famille ou avec des amis), il écrit avec talent, soit seul ou avec son père sous le nom de Bistanclaque père et fils des pièces de Guignol : Guignol boursicotier, le seau d'équevilles, et diverses parodies d'operettes et de pièces de théâtre comme Cyrano de tramassac. Avant la guerre de 1914, il crée un petit atelier de façonnage de cuir et son savoir-faire lui permet d'équiper en courroies de cuir, la ficelle de Fourvière, mais la crise de 1929, le fait changer d'orientation et il entre dans l'équipe dirigeante qui vient de fonder les Assurances Sociales de Lyon qui seront intégrées en 1945 à la Sécurité Sociale. Son poste de sous-directeur sera dès lors jalonné d'embûches. Heureusement les Amis de Guignol seront sa consolation.
En 1913, il avait été avec son père dans l'équipe fondatrice de la société et était devenu en 1924 secrétaire général, succédant à Jean Vermorel. Ses comptes-rendus d'activités, savoureux et parsemés de mots lyonnais, atteignent la perfection. C'est un régal que de l'entendre commenter les manifestations, les engagements, les créations qui se sont succédées tout au long de l'année écoulée. Le comité publiera ses comptes rendus intégralement soit dans l'Almanach, soit dans le bulletin trimestriel. En 1950 il est nommé vice-président. Malgré la fierté de cette distinction, il garde un peu d'amertume de son petit tampon en caoutchouc où il est mentionné : le secrétaire général. Il déclare alors : " Eh ! oui, c'est ce petit bout de chose avec lequel pendant plus de 25 années, j'ai tamponné des cuchons de procès-verbaux, desinvitations, les registres de la sociét... Alors, les gones, à cause qu'on m'a monté d'un échelon, parce que, soi-disant, ça me revenait de droit, j'ai du un peu à contre-coeur, accepter cet honneur... et ce cher petit tampon, et bien j'ai du comme bien s'entend le transmettre à mon successeur mon bon ami Paul Charmet..."
A la fin des années soixante, l'âge aidant et l'association périclitant, il abandonne le bureau des Amis de Lyon et Guignol mais restera sur décision du comité, vice-président honoraire. Il meurt le 13 janvier 1974 à l'Hôtel des Invalides rue Commandant Charcot plus connu aujourd'hui sous le nom de Pierre Garaud. Son deuxième fils Bernard, toujours fidèle sociétaire de notre société est guide bénévole à la Basilique de Fourvière.